lundi 25 mai 2009

Minuit une minute dix huit secondes

Somme toute, toute somme faite des secondes possibles, il n’y a pas d’extérieur au jour. Sitôt que l’on en termine un, on en commence un autre. Il n’y a pas d’interstices où s’échapper. La durée qui partage un jour d’un autre appartient à l’un ou à l’autre, il n’est même pas frontière. La journée est fermée. Tout est identique d’un jour à l’autre dans l’arithmétique d’une journée. La régularité ne peut-être rompue qu’écrite. Une écriture qui ne mime rien, qui ne reproduit rien car alors, dans sa fidélité au réel du jour, il faudrait que soit établi un système métrique capable de traduire cette égalité des secondes entre elles, des minutes et des heures. Une écriture naturaliste du jour serait une écriture à réglage fixe, fixée dans la règle, une écriture écrite. Une écriture sans règle, ou de règles variables, brouillant la perception des règles en laissant néanmoins quelques indices de lois inventées pour l’occasion - l’instant, la seconde - serait la fin du jour fermé. Par cette écriture seulement – libre car de règles inconnues - le jour s’échapperait de lui-même, deviendrait autre chose, un monstre temporel, une durée tératologique. Mais même ainsi, l’extérieur n’existe pas. Même irrégulière, l’écriture d’un jour est toute entière fermée, chaque unité de temps divisée reflétée dans l’autre par la ressemblance qui les affecte. La seule sortie tient aux reflets, aux déformations possibles de ces renvois multiples. Alors seulement, certains jours paraissent longs et d’autres courts, et cet accordéon simule un temps autre, fictif quoique reconnaissable, déformé. C’est par la fiction que l’écriture du temps sort le temps de lui-même, le traine dehors, à l’extérieur jour et l’extérieur nuit.

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