lundi 11 mai 2009

Minuit quarante six secondes

Une seconde dite à voix haute diffère d’une seconde lue sans voix, une seconde muette mais audible par celui qui la lit pour lui-même, qui diffère elle aussi d’une seconde dite à voix basse et lentement, contrastant aussi avec la vitesse d’écoute du lecteur, lequel ne lit plus mais entend, c’est-à-dire qu’il capte à mesure sans contrôle, tout ce qui lui échappe restera échappé, sans possibilité de reprise, sinon par la répétition peut-être déformée d’un ou plusieurs acolytes auditeurs. Je doute qu’à voix haute, même claire, audible, d’une grande pureté sonore, d’une épuration des phonèmes parfois écorchés que la voix haute provoque dans le texte qu’elle transmet, je doute que la phrase précédente puisse être parfaitement entendue, comprise en une seule fois par l’auditoire, même le plus attentif, le plus gagné à la cause de l’écriture du temps, ceci à cause des sons qui, sans signes distinctifs de sens, saccage le système assoupli pour passer à l’écoute, phénomène partagé par la phrase présente, ce qui provoque la phrase suivante, conclusive, si vous suivez. Une seconde d’inattention provoque vite le ouï-dire, peut- être aussi le ragot, ou pire, le radotage, la ratiocination ou le rejet.

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